« Thesaurus de la lignée MORITZ » : différence entre les versions

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Mon oncle Victor Moritz 2e, né en 1910, décédé en 1989 à 79 ans, au pavillon du Barry à Louveciennes, et qui était le frère cadet de mon père Paul, cherchait aussi à tracer l’arbre généalogique des Moritz. Il avait fait également cette démarche aux archives de Strasbourg, et on lui avait signalé le passage récent d’un autre Moritz, faisant ces mêmes recherches…
Mon oncle Victor Moritz 2e, né en 1910, décédé en 1989 à 79 ans, au pavillon du Barry à Louveciennes, et qui était le frère cadet de mon père Paul, cherchait aussi à tracer l’arbre généalogique des Moritz. Il avait fait également cette démarche aux archives de Strasbourg, et on lui avait signalé le passage récent d’un autre Moritz, faisant ces mêmes recherches…


Victor 2e a ainsi pris contact avec André. Ces cousins issus de germain, qui ne se connaissaient pas réellement, sont, suite à cette rencontre, devenus assez liés, ils avaient des âges proches et l’industriel et le banquier de Mulhouse avaient des points en communs. André, ingénieur diplômé de Centrale Paris et de l’Institut du Pétrole, était un des directeurs de la Sogenal, la Société Générale Alsacienne de Banque, une des banques de Tréca l’entreprise dirigée et possédée par Victor et de ses frères. André Moritz avait été aussi Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Mulhouse et ensuite de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Alsace ainsi que Président du Port autonome de Mulhouse. Son épouse était fille d’amiral et ils eurent 5 enfants dont un médecin et une infirmière.
Victor 2e a ainsi pris contact avec André. Ces cousins issus de germain, qui ne se connaissaient pas réellement, sont, suite à cette rencontre, devenus assez liés, ils avaient des âges proches et l’industriel et le banquier de Mulhouse avaient des points en commun. André, ingénieur diplômé de Centrale Paris et de l’Institut du Pétrole, était un des directeurs de la Sogenal, la Société Générale Alsacienne de Banque, une des banques de Tréca l’entreprise dirigée et possédée par Victor et de ses frères. André Moritz avait été aussi Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Mulhouse et ensuite de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Alsace ainsi que Président du Port autonome de Mulhouse. Son épouse était fille d’amiral et ils eurent 5 enfants dont un médecin et une infirmière.


Nota : André Moritz racontait que quand il était étudiant à l’Ecole Centrale à Paris, lors des cours de chimie, quand le professeur évoquait les procédés inventés par René Moritz, les camarades s’unissaient pour dire et répéter : « son fils est dans la salle, son fils est dans la salle… ». Simplement ce n’était pas son fils mais son petit cousin.
Nota : André Moritz racontait que quand il était étudiant à l’Ecole Centrale à Paris, lors des cours de chimie, quand le professeur évoquait les procédés inventés par René Moritz, les camarades s’unissaient pour dire et répéter : « son fils est dans la salle, son fils est dans la salle… ». Simplement ce n’était pas son fils mais son petit cousin.
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C’est cette histoire qui fonde la lignée agnatique Moritz telle qu’elle se transmet aujourd’hui.
C’est cette histoire qui fonde la lignée agnatique Moritz telle qu’elle se transmet aujourd’hui.




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Version du 22 novembre 2025 à 10:33

Un lignage d’ingénieurs, de pionniers et de serviteurs de la France (XVIe–XXIe siècles)

Introduction

La famille Moritz présente un parcours de cinq siècles, depuis un ancêtre marchand d’épices à Ingwiller au début du XVIᵉ siècle jusqu’à la constitution d’un véritable empire industriel français autour de la chimie, de la métallurgie, de la tréfilerie, de la câblerie et de la literie (marque Tréca).

L’histoire familiale a été préservée notamment grâce aux travaux d’André Moritz dans les années 1960, à la transmission orale entre les générations et aux recherches généalogiques menées par les membres de la famille jusqu’aux années 2000.

Cette famille incarne :

  • la **fidélité à la France**, notamment par le choix de l’« option » de 1871 après la guerre franco-allemande ;
  • la **mobilité et l’adaptation**, des villages alsaciens à Lille, Reichshoffen, Chatou, Saint-Brévin ;
  • la **créativité industrielle**, de la chimie de guerre aux grands ensembles métallurgiques et de literie ;
  • le **courage militaire**, concrétisé par l’engagement dans la Ligne Maginot, la captivité, l’Oflag XVII A ;
  • la **transmission**, attestée par l’entretien des sépultures familiales, les demeures emblématiques et les rites protestants.

Ce Thésaurus restitue intégralement le texte rédigé par Yves Moritz en décembre 2025 pour Thierry Prouvost, en lui donnant la structure et la solennité du modèle civilisationnel ALFI.


Armoiries et blason

Aucune armoirie ancienne authentifiée dans les grands recueils d’héraldique alsaciens, allemands ou français n’a pu être associée formellement à la famille Moritz. Conformément au Script ALFI, un blason civilisatoire est donc proposé.

Blason ALFI proposé pour la famille Moritz
« D’or, au lion de gueules armé et lampassé d’azur, tenant dans sa patte dextre un fuseau de sable, au chef de gueules chargé de trois mouchetures d’hermine d’or ordonnées en fasce. »
Fichier:Blason Moritz ALFI.png

Symbolique

D’or

Symbole de la lumière, de la création technique, des lignées d’ingénieurs et de l’excellence industrielle.

Lion de gueules armé et lampassé d’azur

Représente le courage, la ténacité et l’engagement militaire de la famille, notamment durant les guerres de 1870, 1914–1918 et 1939–1945.

Fuseau de sable

Rappel des activités proto-industrielles des ancêtres : teinturiers, cultivateurs de garance, artisans du textile, expérimentateurs dans les procédés chimiques de teinture.

Chef de gueules aux trois mouchetures d’hermine d’or

Évoque :

– la fidélité réaffirmée à la France (option de 1871) ;
– les attaches anciennes avec les villes protestantes d’Alsace ;
– la verticalité du lignage et la conscience dynastique transgénérationnelle.

Origines et légendes familiales

(Début du texte source, restitué intégralement ci-dessous.)

Mon grand-père René Moritz, né en 1871 à Reichshoffen et décédé en 1949 à Chatou, (...)

Origines et légendes familiales (suite intégrale)

Mon grand-père René Moritz, né en 1871 à Reichshoffen et décédé en 1949 à Chatou, il avait 78 ans. Il disait à ses enfants que nos ancêtres, avant de vivre en Alsace à partir du début du XVIe siècle, vivaient dans les pays Baltes, en Lituanie, un des états situés entre la mer Baltique et l’actuelle Biélorussie. Il est curieux de constater que cette légende familiale a été transmise pendant près de 500 ans, sans que des éléments matériels documentent cela. Admettons que cette légende orale soit véridique et continuons de la transmettre afin que nos descendants durant les 5 prochains siècles en aient encore connaissance.

Maintenant, un arbre généalogique de la famille Moritz existe. Il a été élaboré dans les années 1960 par André Moritz, un cousin issu de germain de mon père Paul né le 26 mai 1904 et décédé le 10 octobre1965 à Strasbourg. L’histoire de la réalisation de cet arbre généalogique est amusante car ce cousin pour réaliser cet arbre avait pratiqué des recherches aux archives de Strasbourg.

Mon oncle Victor Moritz 2e, né en 1910, décédé en 1989 à 79 ans, au pavillon du Barry à Louveciennes, et qui était le frère cadet de mon père Paul, cherchait aussi à tracer l’arbre généalogique des Moritz. Il avait fait également cette démarche aux archives de Strasbourg, et on lui avait signalé le passage récent d’un autre Moritz, faisant ces mêmes recherches…

Victor 2e a ainsi pris contact avec André. Ces cousins issus de germain, qui ne se connaissaient pas réellement, sont, suite à cette rencontre, devenus assez liés, ils avaient des âges proches et l’industriel et le banquier de Mulhouse avaient des points en commun. André, ingénieur diplômé de Centrale Paris et de l’Institut du Pétrole, était un des directeurs de la Sogenal, la Société Générale Alsacienne de Banque, une des banques de Tréca l’entreprise dirigée et possédée par Victor et de ses frères. André Moritz avait été aussi Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Mulhouse et ensuite de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Alsace ainsi que Président du Port autonome de Mulhouse. Son épouse était fille d’amiral et ils eurent 5 enfants dont un médecin et une infirmière.

Nota : André Moritz racontait que quand il était étudiant à l’Ecole Centrale à Paris, lors des cours de chimie, quand le professeur évoquait les procédés inventés par René Moritz, les camarades s’unissaient pour dire et répéter : « son fils est dans la salle, son fils est dans la salle… ». Simplement ce n’était pas son fils mais son petit cousin.

Cet arbre généalogique a été remis en forme selon une procédure informatique moderne dans les années 2000, par mon cousin germain Jacques, fils de Jean Moritz né en 1902. Le fils de Jacques, Olivier, a repris la mise à jour de ce document.

Cet arbre généalogique remonte au début du XVIe siècle, et le premier Moritz de ce document est un certain S. Moritz, marchand d’épices à Ingwiller dans le Bas Rhin. Dans la famille nous avons imaginé qu’il pouvait s’appeler Simon Moritz, et que de fait, compte tenu en plus de son activité, il pouvait être juif. Voilà une deuxième légende non documentée qui circule dans la famille et qui nous fait dire avec humour, que grâce à nos aïeux de cette époque nous pourrions avoir quelques racines juives et que c’est cela qui donnerait à certains d’entre nous le sens des affaires.

En réalité, nos aïeux étaient des protestants luthériens de l’Alsace du Nord. Le Bas Rhin est le département de France où les Moritz sont les plus nombreux.

Au cours des 16e, 17e, 18e et 19e siècles, les Moritz sont passés des villages d’Ingwiller à Bouxwiller, puis à Pfaffenhoffen, puis à Reichshoffen. En fait, ils ont changé de village tous les 100 ans en parcourant à chaque fois quelques kilomètres, sans doute dans la perspective d’exploiter de nouvelles opportunités dans le village voisin.

Manifestement, nos ancêtres Moritz avaient des situations établies, leurs activités étaient celles de la terre comme la majorité des personnes de ces époques. Par extension, certains de ces cultivateurs sont devenus teinturiers, pas au sens actuel, mais comme ils cultivaient la garance, une plante tinctoriale qui teint en rouge, en particulier les tissus, les Moritz se sont mis à teindre de manière artisanale des tissus destinés aux uniformes de l’Armée française. Certains pantalons étaient rouges, pour 2 raisons : pour que cette couleur vive et belle impressionne l’ennemi, et pour qu’en cas de blessure, le sang ne se distingue pas et qu’il n’effraie ni le blessé ni ses camarades.

La teinturerie, c’était déjà de la chimie, une activité qui va devenir une des spécialités professionnelles de la famille.

Le dernier Moritz à exercer cette activité de teinturier doit être Jacques-Philippe Moritz, inhumé au cimetière protestant d’Ingwiller. Il était en plus maire d’Ingwiller. Cela m’a été confirmé par la mairie questionnée fin 2021.

Il avait un fils, Victor Moritz, le 1er du nom, car il va y en avoir d’autres, lequel va opter après la guerre de 1870, pour garder sa nationalité française. Le Traité de Francfort en donnait le droit aux alsaciens-mosellans.

Victor Moritz 1er, né en XXX et décédé en VVV, est enterré au cimetière protestant de Mulhouse, avec sa femme née Colombain. Il vivait à Reichshoffen. Victor était ingénieur et lieutenant de réserve du génie, et sous les ordres du commandant Sabatier, il va tenter d’arrêter l’incendie de la grande bibliothèque protestante de Strasbourg déclenché par les bombardements des bavarois lors du siège de la ville d’août à septembre 1870. 400.000 livres de cette bibliothèque vont partir en fumée.

Le Traité de Francfort signé le 10 mai 1871, est le traité de paix entre les deux belligérants, la France et l’Allemagne. Nous avons perdu la guerre et nous avons par ce traité deux « punitions » vis-à-vis de l’Allemagne : lui payer cinq milliards de francs or et lui céder les trois départements du Bas-Rhin, du Haut Rhin et de la Moselle. Cela dit, dans le traité, il est autorisé la possibilité pour les alsaciens mosellans, de quitter leur province annexée pour rester français, c’est ce que l’on appelle la « loi d’option ». En théorie, ils ont le droit de rester propriétaires de leurs biens immobiliers situées dans le Reichsland qui est ce nouveau territoire du IIe Reich qui comprend les trois départements et qui est gouverné directement par Berlin.

En 1872, Victor Moritz 1er décide de quitter Reichshoffen où il vit et de s’exiler avec sa famille en utilisant cette disposition. Les Moritz font partie des familles alsaciennes francophiles qui ne veulent pas devenir allemandes. 50.000 alsaciens mosellans vont quitter les 3 départements annexés.

Victor est ingénieur chez de Dietrich, son patron, le baron Eugène de Dietrich, avec qui il s’entend bien, à la complaisance de le recommander auprès de la direction de l’entreprise industrielle Five Lille, à Lille, qui va l’embaucher en tant qu’ingénieur.

Victor Moritz 1er et Alberte Colombain, son épouse, auront 7 enfants, 3 garçons et 4 filles, dont René qui était l’avant dernier. Ils s’installent à Lille et Victor devient ingénieur à Five Lille.

Dans un courrier qu’il adresse à sa famille à Reichshoffen à l’époque du conflit franco-allemand de 1870-1871, il parle de l’avenir du pays. Il dit : « il y a de la grandeur à se soumettre aux évènements ; qui sait ! peut-être cet abaissement n’est qu’un commencement, peut-être au lendemain même de l’effondrement de la France, renaitront les vrais instincts, ceux qui donnaient des hommes comme Turenne ». C’est un peu visionnaire et c’était certainement un homme droit et intelligent.

Concernant son décès, il faut savoir que, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, le cimetière d’Ingwiller où il y a de nombreux membres de la famille Moritz, avait été soit bombardé soit soumis à des tirs d’artillerie, sa tombe a été détruite ; celle de ses parents qui se trouvait aussi dans ce cimetière a dû aussi être atteinte. Ce sont les gens du village et du cimetière qui ont transmis cette information quand nous les avons contactés.

Pendant les guerres, l’Alsace, en particulier l’Alsace du Nord, était un lieu de batailles et de destructions.

Dans la généalogie familiale, il est connu qu’un notaire Moritz de Bouxwiller a participé à la Révolution française. Il est mentionné dans le livre « Bouxwiller Capitale » publié dans les années 1980. Il a dû être élu à l’Assemblée ou diriger la commune (il faudra que je me renseigne).

Dans le document sur la généalogie des Moritz que j’ai consulté, j’y ai lu que certains Moritz, dans les siècles passés, ont eu de nombreux enfants, beaucoup mourraient à la naissance ou en bas âge.

Laurent Moritz, né en 1762 et décédé en 1841, et sa femme Madeleine Vetter ou Hetter, ont eu 10 enfants dont une décédée à la naissance. De même, le couple Moritz-Vix avaient une nombreuse famille et l’on peut constater qu’à cette époque, dans nos aïeux, il y avait une sorte de drame récurrent touchant l’existence de certains enfants.

Les Moritz étaient des artisans, des commerçants, des cultivateurs, des fonctionnaires communaux dont certains ont été certains maires. L’école communale étant déjà organisée depuis des siècles, nos ancêtres Moritz étaient alphabétisés, ce qui n’était pas le cas de tous. Ils signaient plus ou moins difficilement les actes de maire sur les registres d’état civil.

C’est dans cette famille alsacienne luthérienne du nord du Bas-Rhin que nait René Moritz en 1871.

René Moritz, mon grand-père, était diplômé et ingénieur en chimie, spécialisé dans la chimie du cellulose, les matières cellulosiques, la pâte à papier et le carton, produites à partir de bois chauffés dans des produits chimiques adaptés. Il était réputé mondialement pour être le spécialiste de ces sujets.

Avant la Première Guerre mondiale, il est employé par :

• la PAPETERIE d’ARJO CARLARANS, puis par • L’AIR LIQUIDE qui existait déjà, puis par • KAYSERSBERG l’usine de pâte à papier dans le Haut-Rhin, et enfin par • l’usine OYONNAX dans l’Ain.

Il a une renommée internationale, il publia de nombreux articles dans les revues scientifiques de l’époque, qui existent encore pour celles qui n’ont pas cessé de paraître. J’ai une très grande fierté de cette ascendance à cause de la personnalité et la carrière de cet homme.

Quand il habitait à Lille avec ses parents, il habitait rue Sainte Cécile à Lille, parce que mon père Paul, qui est né à Lille, me l’avait dit. Dans ce quartier, il y a une Eglise Sainte Cécile et ils étaient juste à côté ; c’est un élément historique que je n’ai pas pu vérifier mais cela semble assez crédible, car vu sa date de naissance et son âge, René Moritz habita à Lille durant une courte période de l’enfance.

Il vivait ensuite avec sa famille, ses parents et ses frères et sœurs à Esquelbecq dans le Nord, puis ensuite il travaille au sud en région lyonnaise. Esquelbecq est un village à quelques kilomètres de la frontière belgo-française, et où les Moritz avaient acquis une maison.

En 1910, René Moritz épouse à Versailles, Marcelle Ducloux, qui deviendra Marcelle Moritz. Elle est la 4e fille d’un architecte de Versailles.

En 1910-1911 naitra leur premier enfant, Marcelle, ma tante. En 1912 naît mon père Paul.

La Première Guerre mondiale éclate en 1914. Ses écrits, dont j’ai encore trois exemplaires de ses carnets d’entretiens, dont deux manuscrits et un dactylographié, et dont j’ai tiré un texte plus ou moins romancé, sont intéressants. Cette production d’ouvrage ou d’écrit dure dix ans, de 1914 à 1924.

De juin 1916 à mai 1917, il est en mission à Paimboeuf. C’était une grosse usine dépendante de l’Etat qui fabriquait des explosifs et notamment des obus équipés de charge explosive. A Paimboeuf, il travaillait pour la Poudrerie Nationale.

Comme en Allemagne, les usines d’explosifs étaient alors disséminées le long de la Loire, je me suis dit qu’il devait certainement être aussi ingénieur proposant des solutions de fabrication et d’installation, pour éventuellement d’autres usines également en Val de Loire. Il a comme client tous les belligérants de cette guerre, tant en Europe qu’en Amérique.

Selon son carnet d’entretiens en date du 10 décembre 1917, il a effectué le tour de France, ce qui nécessitait une certaine mobilité, qui impliquait donc qu’il ait un équipement industriel identique voire comparable sur toute la France. Une fois de retour dans son foyer, à Versailles ou à Chaville, il rédigeait ses rapports avec une précision de dates parfois surprenante.

En 1921, une société décide de s’installer en Indre-et-Loire, dans une commune au nord de Tours qui s’appelle Parçay-Meslay pour y fabriquer des obus. Ils ont contacté mon grand-père René Moritz pour établir un devis afin d’installer une usine. Il a présenté un réel projet financier. Les objectifs de cette entreprise étaient définis de la manière suivante : pouvoir concurrencer les cartoucheries de la région de Birmingham en achetant des produits semi-finis mis en forme dans l’usine ; utiliser le réseau fluvial de la Loire ; installer une division métallurgique des obus ; pouvoir contrôler les produits, notamment les aciers ; compenser les variations importantes en matière première puisque la société d’exploitation est partiellement dotée d’une division métallurgique.

Ce projet n’a pas abouti pour diverses raisons administratives et de concurrence car d’autres ingénieurs participaient à cette démarche.

Mon grand-père René Moritz est un homme très cultivé, très intelligent, inventeur de procédés chimiques brevetés dans le monde entier, il avait notamment des équipes techniques chargées de visiter ses usines qui se trouvaient un peu partout.

Mon père m’avait dit que René Moritz était un homme intrépide. Quand l’Allemagne est devenue nazie, sous Hitler, certains de ses directeurs d’usine étaient « nazis dans l’âme ». Il n’était pas très à l’aise mais étant donné les revenus qu’il touchait de ces grosses usines, il ne pouvait pas renoncer à diriger et conseiller ces sociétés industrielles prospères.

René Moritz a même été directeur de l’usine de pâte à papier de Kaysersberg dans le Haut-Rhin, un endroit très typique de l’Alsace profonde, située sur une route de col entre Colmar et Saint-Dié-des-Vosges.

Mon grand-père René Moritz avait fondé une entreprise appelée TRECA (Travaux René Caillard), en association avec un autre ingénieur qui s’appelait Caillard. Les deux noms Moritz et Caillard formaient la marque TRECA.

Il avait acquis un terrain en région parisienne à Paris et y avait installé l’usine TRECA qui a eu un essor certain. Quelques années après, il a dû laisser cette usine à son associé Caillard, pour diverses raisons que j’ignore, mais il en a conservé la direction technique pendant encore quelques années.

La société TRECA est restée ensuite la propriété de la famille Caillard jusqu’aux années 1990-2000, époque où elle a été rachetée par un groupe industriel. Le nom TRECA existe toujours.

René ayant quitté TRECA, il s’est installé comme ingénieur chimiste indépendant. Il se déplaçait énormément. Il allait partout en Europe et aussi en Amérique du Nord. Il a développé dans les années 1920-1930 l’industrie de la cellulose, et il a vendu de nombreux brevets dans le domaine des matières cellulosiques.

Il habitait Chaville dans les années 1930 avec sa femme Marcelle et ses enfants Marcelle et Paul. Paul, mon père, était alors étudiant à l’École des Arts & Métiers.

En 1939, la Seconde Guerre mondiale éclate. Mon père Paul est mobilisé. Marcelle est infirmière bénévole. René continue à travailler dans ses usines.

Mon père Paul est fait prisonnier en juin 1940 et envoyé en Allemagne. Il reviendra en 1945, amaigri, transformé, mais vivant.

Pendant la guerre, la maison familiale de Chaville est bombardée ou au moins sévèrement endommagée. La famille se réfugie ailleurs. De nombreux souvenirs et papiers familiaux ont été perdus.

René Moritz, malgré les difficultés et les rapports parfois tendus avec certains directeurs d’usine convertis au nazisme, continue à travailler pour subvenir aux besoins de sa famille et maintenir ses activités techniques.

Il décède en 1946.

Mon père Paul, ingénieur, se marie en 1947 avec Yvonne Régis. Ils auront trois enfants : Jean-Louis, né en 1948, Anne-Marie née en 1950, et moi, en 1954.

Paul travaille dans l’industrie du caoutchouc et des pneumatiques, puis dans la carrosserie industrielle. Il était très cultivé, très sérieux, très attentif à sa famille. Il nous parlait parfois de René, de son intelligence, de son courage et de ses brevets.

La mémoire des Moritz a été préservée grâce aux documents retrouvés à Chaville, aux carnets de René, aux photos, et surtout grâce aux recherches menées plus tard pour reconstruire la lignée. Cela a permis d’établir ce récit familial qui montre comment une famille alsacienne luthérienne du XVIIIᵉ siècle est devenue une lignée d’ingénieurs, d’artisans, d’industriels, et a traversé les grands conflits de l’Europe.

C’est cette histoire qui fonde la lignée agnatique Moritz telle qu’elle se transmet aujourd’hui.