Thesaurus de la famille SAINT

La famille Saint, originaire de Beauval (Somme), est l’exemple d’un lignage qui, parti de modestes tisserands au XVIIIᵉ siècle, a su construire une dynastie industrielle et sociale au XIXᵉ et XXᵉ siècle. Leur entreprise, Saint Frères, fondée en 1814 et développée autour de Flixecourt, a employé jusqu’à 11 000 personnes. La famille Saint incarne le modèle du paternalisme social, profondément enraciné dans le catholicisme social et la vision du Bien Commun.

Armoiries

(Aucune armoirie historique connue. Une composition héraldisée pourrait symboliser le jute, la roue dentée industrielle et la croix, reflet du travail, de l’innovation et de la foi.)

Chronologie et lignées

1. Origines à Beauval

Pierre Saint (1765-1818), tisserand à Beauval, épouse Marie Angélique Candillon.

De cette union naissent plusieurs fils, dont :

Pierre Saint (1788-1847) : tisserand et marchand de toiles.

Jean-Baptiste Saint (1820-1880) : véritable fondateur industriel.

Charles Saint (1826-1902) : industriel et député de la Somme.

2. Fondation de Saint Frères

Jean-Baptiste Saint (1820-1880) introduit le tissage mécanique du jute.

Avec ses frères, il établit la première usine à Flixecourt.

Vers 1855-1860, l’entreprise explose : elle devient le cœur industriel de la vallée de la Nièvre.

3. L’âge d’or (1850-1950)

Usines électrifiées (1907).

Logements ouvriers, écoles, coopératives.

Apogée de l’entreprise avec 20 usines et 11 000 ouvriers.

Mariages stratégiques (not. Alice Saint avec Henri Saint) renforcent la continuité dynastique.

4. Crises et reconversions (1950-2000)

Perte des marchés du jute face aux polymères (années 1950).

Vente progressive des logements ouvriers.

Tentatives de sauvetage par les descendants (Roger Saint, Daniel Saint).

Déclin irréversible dans les années 1980.

Monographies

Jean-Baptiste Saint (1820-1880)

Fondateur industriel de Saint Frères.

Organisateur des premières usines de jute.

Visionnaire social : création de cités ouvrières, écoles, services.

Catholique social convaincu, proche de la doctrine de Frédéric Le Play.

Bien Commun : il transforma la vallée de la Nièvre en un modèle d’intégration sociale, donnant logement et dignité à des milliers de familles.

Charles Saint (1826-1902)

Industriel et député de la Somme.

Porte-parole des ouvriers et du monde industriel.

Défend une vision équilibrée entre progrès et justice sociale.

Bien Commun : son engagement politique permit de faire entrer dans la loi certaines pratiques sociales avancées (sécurité, logement, éducation).

Henri Saint (1856-1907) et Alice Saint (1858-1940)

Henri, administrateur et modernisateur, introduit l’électrification.

Alice, sa femme, incarne la continuité sociale en construisant le Château Blanc, transformé plus tard en foyer de vie pour handicapés.

Bien Commun : ils ont poursuivi l’œuvre familiale en alliant progrès technique et action sociale.

Pierre Saint (1881-1946)

Dirige les usines de la Somme après son père.

Habite le château de la Navette, symbole de l’ancrage familial.

Tente de maintenir la compétitivité de l’entreprise dans un contexte difficile.

Bien Commun : maintien de milliers d’emplois et fidélité au territoire.

Roger Saint (1906-1990)

PDG de Saint Frères.

Traverse les crises sociales et économiques du XXᵉ siècle.

Défend la solidarité ouvrière et tente des reconversions.

Bien Commun : dernier grand représentant patronal reconnu par les ouvriers.

Daniel Saint (1908-1973)

Ouvert aux enjeux internationaux.

Porte une vision modernisée de l’industrie et de la culture.

Bien Commun : rappel constant de la nécessité de l’innovation et du dialogue social.

Autres figures

Alice Saint (1858-1940) : protectrice, mécène, fondatrice du Château Blanc devenu foyer social.

Jacques Saint (1886-1966) : industriel, maintient la continuité familiale.

Descendance internationale : certains membres installés en Argentine, Australie, France.

Patrimoine et demeures

Château Rouge (1864) : demeure patronale face à l’usine.

Château de la Navette (1882) : construit par Stéphanie Zambaux, veuve de Jean-Baptiste.

Château Blanc (1913) : demeure d’Alice Saint, devenu foyer social.

34 rue du Louvre, Paris : maison de vente de Saint Frères.

Engagement pour le Bien Commun

La famille Saint a marqué :

Le social : logements, écoles, crèches, maternités.

Le politique : avec Charles Saint député.

Le spirituel : modèle de catholicisme social, inspiré de Le Play, de Mun, Harmel.

Le culturel : transmission d’un patrimoine architectural et ouvrier (cités, châteaux).

Leur action illustre le passage d’une dynastie de tisserands à une noblesse industrielle et sociale, où la richesse fut constamment orientée vers la protection de milliers de familles ouvrières.

Arbre généalogique simplifié (agnatique)

Pierre Saint (1765-1818) ── Marie Angélique Candillon │ ├── Pierre Saint (1788-1847) │ ├── Jean-Baptiste Saint (1820-1880) ── Stéphanie Zambaux │ ├── Henri Saint (1856-1907) ── Alice Saint (1858-1940) │ │ ├── Pierre Saint (1881-1946) ── Jeanne Rodrigue │ │ │ └── Descendance (Jacqueline, René, etc.) │ │ └── Jeanne, Thérèse, Robert, Germaine, Raymond │ └── Autres enfants │ └── Charles Saint (1826-1902) ── Opportune Saint

   ├── Guillaume Saint (1854-1904) ── Blanche Saint
   │   └── Jean Saint (1880-1955) ── Joséphine O’Brien
   │       └── Descendance (Charles, Geneviève, Gui, Mary…)
   ├── Maurice Saint (1863-1936)
   ├── André Saint (1871-1932) ── Madeleine Bariquand
   │   └── Roger Saint (1906-1990), Daniel Saint (1908-1973)
   └── Jacques Saint (1886-1966)

Conclusion

La famille Saint illustre de façon exemplaire la vocation des grandes lignées industrielles françaises : transformer une richesse privée en œuvre de civilisation collective. Par le logement, l’éducation, la foi et le travail, les Saint ont incarné une noblesse de service moderne, inscrite dans la mémoire de la Picardie et du Nord de la France.