Thesaurus de la famille ROUGIER
1 Armoiries

Blasonnement : D’azur, au lion d’or, plantant une épée d’argent au sommet d’une montagne au naturel, mouvant de la pointe. Blason secondaire (Armorial de Provence, 1696 – Jean Rougier) : D’azur au sautoir d’argent chargé de cinq roses de gueules.
Ces armoiries unissent la noblesse de l’effort (lion), la force protectrice (épée) et la fidélité à la terre provençale (montagne). Elles traduisent l’élévation d’un lignage de travailleurs et de propriétaires au service de la prospérité régionale.
2 Arbre généalogique simplifié
Les Rougier forment une lignée continue depuis le XVIᵉ siècle :
- Barthélemy Rougier, mesnager à Faucon-du-Caire, vers 1550.
- Étienne Rougier, son fils, marié à Sébastienne Nycolas (Gigors, 1574).
- Jacques Rougier, mesnager à Faucon-du-Caire.
- Honoré Rougier, propriétaire (m. 1602, Claude Nicollas).
- Antoine Rougier, mesnager (m. 1622, Anne Tournayre).
- Jean Rougier, mesnager (m. 1659, Marguerite Conilhe).
- Jacques Rougier et son fils Jean Rougier (1683–1748), laboureur à Faucon et La Motte-du-Caire (m. Jeanne Martin).
- Jean Rougier (1714–1792), laboureur et propriétaire à Rochebrune, marié à Anne Reymond.
- Pierre Rougier (1757–1829), négociant à Aix-en-Provence (m. Magdeleine-Rose Touche).
- Nicolas Rougier (1790–1863), acquéreur du château de La Simone à Meyreuil.
- Augustin Rougier (1820–1880), ingénieur civil et entrepreneur de travaux publics.
- Albert Rougier (1851–1954), entrepreneur des chemins de fer miniers, propriétaire du château de La Simone.
Les générations suivantes s’allient à de grandes familles : Aillaud, d’Aboville, Fauconneau Dufresne, Menu de Ménil, Brion de Boisgillet, Sylvestre.
3 Figures marquantes et Bien Commun
L’histoire des Rougier illustre de manière exemplaire la vocation agnatique du Bien Commun selon la tradition provençale : unir le travail, la foi et le service dans une harmonie de générations fidèles à leur sol et à leur devoir.
3.1 Justice et transmission
Les Rougier apparaissent dès le XVIᵉ siècle dans les registres notariés du Caire et de Gigors comme témoins, garants et rédacteurs d’actes fonciers. À travers plusieurs générations de « mesnagers » et de propriétaires terriens, ils incarnent la stabilité juridique de la Provence rurale. Leur autorité morale reposait sur cette alliance entre bon sens paysan et conscience chrétienne du juste. Chaque contrat et chaque succession furent envisagés comme un devoir de transmission : le droit du sang étant inséparable du service de la terre.
3.2 Foi et clergé
La foi catholique fut le socle invisible de la continuité familiale. Les Rougier apparaissent dans les registres paroissiaux de Faucon-du-Caire et de Gigors comme parrains, marguilliers et donateurs aux confréries locales. Au XVIIIᵉ siècle, plusieurs membres rejoignent les ordres séculiers et soutiennent les églises de Rochebrune et du Caire. Durant la Révolution, certains cachèrent des prêtres réfractaires ; d’autres participèrent à la reconstruction religieuse du XIXᵉ siècle. La branche d’Aix, profondément marquée par le catholicisme social, participa au financement des missions diocésaines et des écoles libres.
3.3 Service militaire et public
Le service du pays accompagna toujours le service de Dieu. Dès le Second Empire, les Rougier figurent parmi les officiers et ingénieurs civils contribuant à la modernisation des infrastructures provençales. Augustin Rougier (1820–1880) et Albert Rougier (1851–1954) mirent leur savoir au service des routes, ponts, canaux et voies ferrées reliant la Provence au Languedoc et aux Pyrénées. Le général Stanislas Rougier (1863–1937), décoré de la Croix de guerre 1914–1918, incarne la fidélité nationale et la tradition d’honneur.
3.4 Culture et sciences
La culture fut chez les Rougier une forme de reconnaissance du don reçu : celui de l’intelligence et de la mesure. Marie-Madeleine Varcollier née Rougier (1761–1844), peinte par Atala Stamaty, illustre la présence féminine dans la transmission esthétique et spirituelle. Au XIXᵉ siècle, le château de La Simone devint un foyer culturel accueillant architectes, artistes et ingénieurs. Sous Albert Rougier, mécène discret, le domaine abrita une bibliothèque technique et religieuse, destinée à la formation des ingénieurs catholiques du Midi.
3.5 Philanthropie et initiatives sociales
Les Rougier manifestèrent leur engagement social par la création d’écoles, de logements ouvriers et de coopératives agricoles. Albert Rougier, influencé par la doctrine sociale de l’Église, fonda la Société des Chemins de Fer Miniers des Pyrénées-Orientales (1906) et la S.A. des Carrières du Canigou (1920). À travers ces initiatives, le travail devint un acte moral : il construisait l’homme autant qu’il bâtissait la société.
3.6 Synthèse du Bien Commun
Les Rougier incarnent la noblesse laborieuse de la France du Sud :
- une justice vécue, non théorisée ;
- une foi transmise, non affichée ;
- un service utile, non décoratif ;
- une culture partagée, non ostentatoire ;
- une philanthropie enracinée, non idéologique.
« Ce que nous bâtissons dans la pierre, qu’il demeure dans les âmes. » — Devise implicite du lignage Rougier.
4 Demeures et ancrages patrimoniaux
Le domaine de La Simone, situé à Meyreuil (Bouches-du-Rhône), constitue le centre historique du lignage. Acquis par Nicolas Rougier (1790–1863), il fut agrandi par Augustin Rougier (1820–1880), qui y fonda une seigneurie bourgeoise du XIXᵉ siècle. Son petit-fils Albert (1851–1954) y fit ériger les célèbres tourelles et escaliers sculptés par Cantini. La famille posséda également des demeures à Aix-en-Provence (rue d’Italie, rue Cardinale) et à Passy (rue Descamps), héritées des alliances d’Aboville et Menu de Ménil.
5 Alliances
Les alliances Rougier unissent familles provençales et françaises :
- Aillaud
- d’Aboville
- Fauconneau Dufresne
- Menu de Ménil
- Brion de Boisgillet
- Sylvestre
Elles traduisent l’ouverture du lignage vers la noblesse d’action et la fidélité au Bien Commun.
6 Bibliographie et sources
- Armorial de Provence (1696)
- Edwige Praca, Contribution à l’histoire de l’industrie métallurgique dans les Pyrénées-Orientales, 1803–1939, DEA, Montpellier III, 1998
- Robert Lapassat, « Du patrimoine et des inventaires… », Conflent, n°213, Prades, 1998
- Archives départementales des Hautes-Alpes : 2E126/1/3, 2E126/1/11 (Rochebrune)
- Archives départementales des Pyrénées-Orientales : séries 4U1118 à 4U1131
- Archives départementales des Bouches-du-Rhône (fonds La Simone)
- Base Roglo.eu, licence CC BY-SA 4.0
7 Mention légale
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