Thesaurus de la famille DEUTSCH de LA MEURTHE
La famille Deutsch de la Meurthe est une lignée originaire de Lorraine, issue d’une famille juive ashkénaze modeste qui s’éleva au rang des grandes familles industrielles et mécènes de la France contemporaine. Dès le milieu du XIXᵉ siècle, elle fut à l’origine de la création de l’industrie des huiles minérales en France, accompagnant l’essor du pétrole, de l’automobile et de l’aviation. Tout en développant une immense fortune, les Deutsch de la Meurthe mirent leur richesse au service du Bien Commun à travers le mécénat scientifique, l’aviation, la santé publique, l’éducation et la philanthropie sociale. Cette famille incarne la figure de l’élite industrielle républicaine et éclairée de la fin du XIXᵉ siècle et du début du XXᵉ siècle.
Chronologie agnatique
Alexandre Deutsch (1815 – mort après 1885), fondateur du commerce d’huiles, né dans une famille juive ashkénaze de Lorraine. Migré à Paris, il crée en 1845 une société de traitement et commerce des huiles végétales à La Villette, puis acquiert en 1851 une ferme à Pantin pour y installer une fabrique de graisses industrielles. Dès 1862, il se lance dans les recherches sur le pétrole. En 1881, il rachète la raffinerie Luciline de Rouen. C’est lui qui adjoint à son nom « de la Meurthe ». Par décret du 29 décembre 1885, il est fait chevalier de la Légion d’honneur.
Henry Deutsch de la Meurthe (25 septembre 1846 – 24 novembre 1919), fils d’Alexandre, industriel et mécène. Cofondateur en 1895 de l’Automobile Club de France avec le comte de Dion, le baron de Zuylen et Paul Meyan. Passionné d’aviation, il fonde en 1898 l’Aéro-Club de France avec Ernest Archdeacon, Gustave Eiffel et d’autres industriels. En 1900, il crée le prix Deutsch de la Meurthe pour récompenser le premier vol de dirigeable en circuit autour de la Tour Eiffel. En 1904, il fonde avec Archdeacon un prix pour l’aviation plus lourde que l’air, remporté par Henri Farman en 1908. Investisseur dans Astra et Nieuport, il soutient les frères Wright et finance la Compagnie générale de navigation aérienne. En 1909, il dote l’Université de Paris d’une rente de 500 000 francs pour la création de l’Institut aérotechnique de Saint-Cyr-l’École. Commandeur de la Légion d’honneur en 1912, il demeure une figure majeure du mécénat scientifique.
Émile Deutsch de la Meurthe (22 octobre 1847 – 18 mai 1924), frère du précédent, industriel, philanthrope et mécène. Cofondateur de l’entreprise familiale des huiles, il contribue à la transformation de celle-ci en société des Pétroles Jupiter en 1922, qui deviendra Shell France. Engagé dans le développement de Deauville avec Peugeot et Mors, il est membre du comité d’honneur du syndicat d’initiative de cette ville. Après la Première Guerre mondiale, il est trésorier du comité des orphelins de France. En 1923, il fait construire la Fondation Émile et Louise Deutsch de la Meurthe, première résidence de la Cité internationale universitaire de Paris, associant le nom de son épouse Louise Halphen. Commandeur de la Légion d’honneur.
Suzanne Deutsch de la Meurthe (1892 – 1937), fille d’Henry, surnommée « la Fée des Ailes ». Elle contribue à la reconstruction de Moÿ-de-l’Aisne après la Première Guerre mondiale, fonde en 1927 l’Aéro-Club de l’Aisne et offre deux avions. En 1931, elle crée une coupe de vitesse pour avions sur 1 000 km, remportée par Georges Détré, Raymond Delmotte et Hélène Boucher. Elle fonde la Maison des Ailes au château de Boulains, lieu de repos pour les aviateurs. Soutien précoce des travaux de Nicolas Roland Payen sur l’aile delta. Officier de la Légion d’honneur, elle incarne la philanthropie aéronautique.
Descendance agnatique : les lignées masculines s’éteignent progressivement au XXᵉ siècle, mais la mémoire familiale se perpétue par les institutions, les fondations et les alliances.
Engagement au service du Bien Commun
Industrie et énergie : création de l’industrie française du pétrole et des huiles minérales ; développement des raffineries de Pantin, Rouen, Saint-Loubès ; partenariat avec les Rothschild pour le raffinage en Espagne.
Automobile : soutien aux pionniers Peugeot et Mors, rôle central dans la fondation de l’Automobile Club de France, contribution au développement des sports mécaniques et de la modernité automobile.
Aviation : mécénat pionnier de l’aviation française avec les prix Deutsch de la Meurthe, financement des frères Wright, soutien aux frères Voisin, à Farman et aux constructeurs Astra et Nieuport ; création de l’Institut aérotechnique de Saint-Cyr ; impulsion donnée à l’Aéro-Club de France et à l’Aéro-Club de l’Aisne.
Philanthropie universitaire et sociale : Fondation Émile et Louise Deutsch de la Meurthe à la Cité internationale universitaire de Paris (1923), destinée aux étudiants ; dotations financières aux universités et aux orphelins de guerre.
Santé : création par Marguerite Raba, épouse d’Henry, d’un centre de transfusion sanguine et de recherche hématologique à l’hôpital Saint-Antoine (1937), sous la direction du professeur Arnault Tzanck.
Patrimoine et mémoire : legs de souvenirs napoléoniens au Louvre et à la Malmaison, dons de sculptures, bustes et mobiliers historiques ; soutien à la conservation d’objets liés à la dynastie impériale française.
Prix et distinctions : création en 1910 du Prix Henry-Deutsch-de-la-Meurthe, encore attribué aujourd’hui par l’Académie des sports pour récompenser des avancées scientifiques, matérielles ou morales au service de l’humanité.
Demeures et ancrages patrimoniaux
La fabrique et raffinerie de Pantin (Seine-Saint-Denis).
La raffinerie Luciline à Rouen.
La raffinerie de Saint-Loubès (Gironde).
Le château de Lafon (Bordeaux), légué en 1920 à la ville pour devenir centre social et maison de retraite.
Le château de Boulains, transformé par Suzanne en Maison des Ailes.
La Fondation Émile et Louise Deutsch de la Meurthe, Cité internationale universitaire de Paris, toujours active.
Le caveau familial au cimetière de Montmartre (carré juif, division 3).
Bibliographie et sources
Tristan Gaston-Breton, Sonia de Panafieu, La famille Deutsch de la Meurthe. D’hier et d’aujourd’hui. 1815-2010, Pour Mémoire, 2010.
Édouard Garyga, Robert Staes, Suzanne Deutsch de la Meurthe 1892-1937, La fée des Ailes, impr. Lepage, Saint-Quentin.
Adolphe Robert, Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, 1889-1891.
Sophie Mouton, Industriels et mécènes, les Deutsch de la Meurthe (1845-1924).
Archives du Service historique de la Défense et de la base Léonore.
Articles et notices de l’Académie des sports, du Sénat, et de la Cité internationale universitaire de Paris.
Article Wikipédia « Famille Deutsch de la Meurthe », licence CC BY-SA 4.0.
Conclusion
La famille Deutsch de la Meurthe représente l’archétype d’une dynastie industrielle du XIXᵉ et XXᵉ siècles ayant transcendé sa fortune privée pour en faire une œuvre publique. Du pétrole à l’automobile, de l’aviation à la santé, des étudiants à la mémoire impériale, les Deutsch ont constamment mis en avant le service du Bien Commun. Leur rôle pionnier dans le progrès technique et scientifique français a marqué l’histoire contemporaine, tout en inscrivant leur nom dans la mémoire nationale par des fondations encore actives et des prix toujours décernés. Le Thésaurus Agnatique ALFI de cette famille illustre ainsi la puissance d’un lignage qui, bien qu’issu de modestes origines, sut unir richesse, progrès et transmission au service de l’humanité.
Mention légale
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