Thesaurus de la famille POPOVICI
Supervisé par Radu Popovici
Blasonnement : De gueules à trois flèches d’argent posées en pal, chargées chacune d’un besant brochant du même. Grand Armorial International
Devise : Dieu Paix et Servir
La famille Popovici est une vieille famille de la bourgeoisie roumaine dont certains membres se sont distingués aux XIXè, XXè et XXIè siècles dans les domaines de l’art, de la politique ou de la construction.
Origines de la famille
Les anciens Popovici vivaient dans la région du Banat serbe, probablement en sa capitale Zrenjanin (anciennement Becicherecu Mare en roumain). Les événements politiques de la fin du XVIIIè siècle les ont poussés à migrer autour de 1775. Une branche est partie à Vienne en Autriche, et une autre en Transylvanie puis au nord-est de la Roumanie en Bucovine à Cernauti. De Cernauti ils sont descendus dans la région de Iasi, capitale à l’époque de la principauté de Moldavie (la Roumanie n’étant pas encore unifiée) où ils se sont stabilisés.
Comme son nom l’indique, les membres très anciens de cette famille étaient probablement prêtres. Une légende familiale très ancienne et non vérifiée prétend que les Popovici du Banat serbe étaient parents par alliance avec la famille royale serbe Obrenovic. Certains Popovici de Bucovine étaient Cavaler, dénomination désignant en Roumanie l’entourage de certains nobles qui avaient un caractère guerrier sans êtres nobles eux-mêmes. Le premier Popovici dont il existe une mémoire plus claire s’appelait Stefan.
Principaux membres de la famille Popovici
Stefan Popovici (Probablement Iasi v. 1795 – Iasi v. 1870)
Stefan Popovici et Roza-Aneta Demsky v. 1865
Étudie à Vienne en Autriche probablement aidé par la branche des Popovici autrichiens.
Il en revient marié à Roza-Aneta Demsky, une autrichienne de Vienne probablement d’origine polonaise. Ses activités professionnelles sont confuses mais il semble avoir été un riche négociant. Il était en outre consul honorifique à l’ambassade d’Autriche à Iasi.
Mihai Popovici (senior) (Iasi 1842 – Iasi 1908)
Mihai Popovici senior
Acteur, metteur en scène et président de la société mutuelle des acteurs au théâtre national de Iasi.
Il commence le théâtre en cachette de son père opposé à la démarche et finit par le convaincre avec l’aide du directeur du théâtre après qu’une prestation dans laquelle il avait le rôle principal ait impressionné ses parents. Dans une lettre il écrit à son père qu’il donnerait la moitié de sa vie pour devenir acteur. (1)
Il étudie à l’académie Mihaeleana dont il sort major. (2) Il est sur la scène de Iasi en 1860-1877 et 1885-1896. Il a joué avec les célébrités de son temps, de Matei Millo et Mihail Pascaly, à Aglae Pruteanu, et a eu une époque glorieuse, captivant le public par son puissant talent. Il a joué aussi avec Sarah Bernhardt dont il était le contemporain. Il est décrit comme un artiste et gentlemen de type allemand sans doute du fait de sa mère autrichienne. (3)(4)
Parfois orthographié Mihail. Le qualificatif de senior est d’usage pour le distinguer de son homonyme plus jeune acteur également au même endroit.
Il épouse Elena Ianculescu, fille d’un riche propriétaire terrien (Mosier) Iordache Ianculescu et sa femme Despina-Cleopatra (probablement née Rosetti (5), non vérifié), cousine avec la princesse Elena Cuza. Il semble que Ianculescu assumait une charge de Préfet. Son beau-père étant opposé au mariage, il enlève sa bien aimée à cheval et l’épouse contre la volonté de celui-ci. Ianculescu recevait chez lui sa fille et ses huit enfants, mais jamais son gendre.
Dimitrie Popovici (Bucarest 1885 – Bucarest 1960)
Dimitrie Popovici
Diplomate, Professeur.
Dimitrie Popovici est né à Bucarest en 1885 pendant une tournée de l’acteur son père. La famille étant propriétaire d’une vigne à Iasi dans le quartier de Copou, Dimitrie fut le seul enfant qui aidait son père à y travailler. Il y développa une passion pour la nature et partit étudier à Paris (1905 – 1908) les annexes de l’agriculture : apiculture, aviculture, pomiculture etc.
En 1910 il s’embarque pour l’Argentine et devient en quelques années le bras droit du directeur d’une grande fabrique de matériaux de construction de Buenos Aires nommée Tudor, qui veut faire de lui son gendre et héritier dans les affaires. L’entrée de la Roumanie dans la première guerre mondiale en 1916 met fin à ce projet et il rentre en Roumanie se battre par esprit patriotique. L’armée le refuse du fait de sa vue trop mauvaise.
Il fonde alors la Société Nationale d’Apiculture dont il devient le premier président, en édite la revue (1) et organise des expositions qui rencontrent un franc succès.
En 1920 il rencontre sa deuxième femme Lizi Buchman qui est la fille du majordome du palais royal de Bucarest. Elle l’introduit auprès du roi Ferdinand et de la reine Maria. Le Maréchal Averescu le nomme attaché commercial pour sept pays d’Amérique du sud.
De retour en Roumanie, en 1925 il épouse sa troisième femme Zoé Ionescu avec laquelle il aura un fils, Mihai. Il est nommé professeur d’agriculture à l’École Normale de Bacau.
A l’été 1938, il organise à Bucarest l’exposition « Brazilia » qui connut un franc succès. En 1947 il est invité en qualité de conseiller au ministère des affaires étrangères sur les questions concernant l’Amérique du Sud.
Dimitrie Popovici était un conférencier et orateur talentueux, et parlait couramment cinq langues, français, allemand, espagnol, portugais et italien, en plus du roumain. Il était sincèrement désintéressé sur le plan matériel, sa préoccupation principale tout au long de sa vie fut de servir au mieux son pays, par le commerce international qui était sa spécialité.
Omer Popovici (Iasi 1881 – Bucarest 1956)
Omer Popovici
Avocat, député et mécène.
Omer Popovici est le frère de Dimitrie. Il fut l’un des avocats les plus renommés de son temps à Iasi et Bucarest. (1) (2) Il était aussi député. Il épouse Leliana Botez. Dans sa villa du Boulevard des Aviateurs on pouvait rencontrer l’élite politique de cette époque. Il était amateur d’art, soutenait des artistes et était l’ami du grand poète roumain George Topirceanu. Il est l’auteur du roman Mascarada Mincunii (La Mascarade du Mensonge), édité à Editura Contemporana, Bucarest, 1943.
Mihai Popovici (Bucarest 1926 – Etréchy (France) 2017)
Mihai Popovici
Ingénieur en bâtiment et génie civil, expert UNESCO.
Diplômé de la faculté polytechnique de Bucarest (1945-1952). Études supérieures en structures à l’université UNAM, Mexico City (1973-1974).
1950-54 : Participation au bureau constitué pour l’élaboration du projet du siège de la maison de la presse à Bucarest « Casa Scanteii », un bâtiment novateur et de dimensions très importantes.
1954-1956 : Chef du bureau pour l’élaboration des projets de « Structures de type expérimentales » au ICSC de Bucarest, l’institut pour la recherche scientifique dans la construction. 1956-69 : Ingénieur en chef à l’IPCT, « l’institut pour l’élaboration de projets pour constructions standardisées ». Il dirigeait une centaine d’ingénieurs. A l’époque communiste, l’industrialisation du pays se faisait massivement car développée par la politique d’état, et dans ce cadre Mihai Popovici a contribué à la réalisation d’innombrables bâtiments industriels produits en série sur tout le territoire national en béton précontraint et préfabriqué. Il est le concepteur de tous les poteaux électriques du pays en béton armé précontraint.
Entre 1969 et 1974 il est nommé expert UNESCO pour une mission à Guadalajara au Mexique, le projet Ce Reti.
Royaliste, patriote, sympathisant dans sa jeunesse du parti National-Paysan du Iuliu Maniu, il refuse au cours de cette mission de collaborer à un projet d’espionnage pour le compte du parti communiste roumain. Menacé en cas de retour en Roumanie, il demande l’asile politique en France en 1974 et s’établit à Paris, puis à Étampes où il ouvre un Bureau d’études (à Morigny-Champigny) employant une quinzaine de salariés. Entrepreneur indécourageable, esprit de combattant, constructeur infatigable, il construit en France, en Europe et en Afrique une œuvre importante jusqu’à plus de 90 ans. Parmi ses constructions remarquables on peut citer des stations de pompage pour l’agriculture en Égypte (El Sheik Zayed Irrigation Canal), ou l’ambassade d’Angleterre à Erevan.
Durant sa carrière il publie des dizaines d’articles dans différentes revues spécialisées en Roumanie et à l’étranger. (1) Il collabore à plusieurs livres, et écrit avec Al. Cismigiu « Béton armat cu Otel Rigid » (Béton armé avec Acier Rigide), édité à Editura de Stat pentru Architectura si Constructii, Bucarest 1954.
En 1964, Mihai Popovici épouse Nona Moraru, journaliste et rédactrice à la radio, diplômée en lettres roumaines, russes, et philologie. Ensemble ils ont eu trois enfants. Elle est la fille de la dignitaire communiste Maria Moraru (2) qui a eu des funérailles nationales, et dont le frère Ion Popescu-Puturi (1906-1993), journaliste, écrivain, historien, et haut dignitaire communiste également, a été directeur de l’AGERPRES, ambassadeur en Hongrie, président de l’union des écrivains, et vice président du conseil d’état. (3) Militants de la première heure, ayant souffert de la répression dans l’illégalité, ils ont cru sincèrement dans l’idéal communiste. Nona Moraru était apolitique.
Radu-Mihai Popovici (Paris 1977 - )
Radu-Mihai Popovici
Architecte, Musicien.
Encouragé à cette discipline par son père ingénieur en bâtiment et génie civil, Radu Popovici étudie l’architecture d’abord à l’École Nationale d’Architecture de Paris-la-Seine puis à l’École Nationale d’Architecture de Paris-val-de-Seine après la refonte des écoles d’architecture sur le site des Beaux-Arts au début des années 2000. Il est diplômé de cette école en septembre 2005. Ses études sont marquées par deux rencontres importantes, l’historien Roberto Gargiani dont il suivra les cours d’histoire pendant quatre ans (au delà des obligations de l’école), et Xavier Fabre, élève d’Aldo Rossi et fondateur de l’agence clermontoise Fabre/Speller Architectes ayant une antenne à Paris. Radu Popovici en fut familier y travaillant par intermittence durant ses études.
Son intérêt pour l’histoire lui fit développer un point de vue critique vis à vis du matérialisme du mouvement moderne et du tabou présent dans les habitudes de l’école autour de la question de la beauté. Il a produit des projets de plus en plus inspirés de modèles historiques, cherchant à renouer avec une certaine idée classique de la beauté, de la spiritualité et de la transcendance. L’expression la plus aboutie de cette tendance a été son projet de diplôme, un bâtiment de style classique inspiré d’Otto Wagner et Auguste Perret.
Il expose ses convictions esthétiques dans un mémoire (1) théorique qui est une réflexion existentielle sur la nécessité d’une dimension spirituelle dans l’architecture. Le directeur du jury de diplôme Yves Bottineau lui demanda de retirer à la dernière minute cinquante pages de ce mémoire, celles touchant à la dimension idéologique mais Radu Popovici s’y refuse et présente son travail en totalité à tous les membres du Jury au moment de la soutenance. Un scandale éclata autour des idées défendues mais le jury décida de lui accorder le diplôme en soulignant que c’est « sans mention ». Le jury reconnut néanmoins son talent et les nombreuses qualités du projet présenté et du rendu graphique.
Après avoir collaboré chez Xavier Fabre à divers projets dont une chapelle pour les missions étrangères à Monbeton (Montauban) durant ses études, il y collabore ensuite comme dessinateur d’art laviste sur la rénovation du théâtre Mariinsky. Durant un passage de quelques mois chez Benjamin Mouton architecte en chef des monuments historiques à Versailles, il a travaillé à la rénovation du pavillon Amont du Musée d’Orsay et collaboré à un projet de rénovation sur l’École des Beaux-Arts de Paris.
Soumis à la vocation musicale depuis sa jeunesse, Radu Popovici décide ensuite de suivre sa passion pour la musique classique. Il étudie le violoncelle d’abord avec Michelle Beckett (2003-2004), violoncelliste et amie de la famille, puis avec Frédéric Borsarello (2004-2007), violoncelliste du Trio Borsarello, avec qui il se lie d’amitié. Il poursuit ses études à l’École Normale de Musique de Paris avec Geneviève Teulières (2007-2011). Il y fait la connaissance de Narcis Bonet avec qui il se lie d’amitié également. Reconnaissant ses essais poétiques et picturaux de jeunesse, et sentant la fin approcher, celui-ci lui légua en héritage un livre de poésies de Garcia Lorca qu’il avait lui même hérité de Nadia Boulanger, ainsi qu’une photo du violoncelliste Gaspar Cassado dédicacée à son père Luis Bonet, qui était son ami, et architecte de la cathédrale de La Sagrada Familia après la mort de son maître Gaudi. Radu Popovici se consacre aujourd’hui à la musique classique.
Son œuvre succincte de jeunesse regroupant un mémoire et quelques dizaines de dessins constitue un exemple très rare de résistance au matérialisme de la modernité enseignée dans les écoles d’architecture.
Signification symbolique du blason de la famille Popovici
L’écu signifie la défense. Les trois besants par leur forme circulaire Dieu, la trinité et l’ordre universel. Les trois flèches symbolisent la rectitude dans la vie et l’aspiration de tout chrétien à la sainteté jamais atteinte. Le heaume, les actions nobles de la famille au service du bien commun.
Notes
Mihai Popovici (senior) 1 – Cette lettre est disponible au musée du théâtre de Iasi 2 – Voir le catalogue des personnalités du Cimetière Eternitatea de Iasi 3 – Voir Rudolf Sutu, Iasi de odinioara (Iasi d’autrefois) vol. 1, Ed. Corint, Iasi, 1923 4 – Voir Teodor T. Burada, Istoria Teatrului in Moldova, Editura Minerva, Bucuresti 1975 5 – Les Rosetti sont une vieille famille de la noblesse grecque de Constantinople appelés Phanariotes
Dimitrie Popovici 1 – Voir par exemple : - Revista Nationala de Apicultura, Anul I n°1, januarie 1916 - Revista Nationala de Apicultura, Anul I n°2, februarie 1916
Omer Popovici
1 – Les éléments biographiques mentionnés dans l’article proviennent de la transmission orale de Mihai Popovici ing a sa famille
2 – Omer Popovici parlait souvent de Dora Popovici, disant que c’était une personnalité importante parmi les Popovici de l’époque de Cernauti
Mihai Popovici ing. 1 – Les articles publiés sont trop nombreux pour être tous cités ici, en voici quelques exemples : - Calcul elastic al placilor […],in Revista Constructilor si a materialelor de constructii, n°11, 1962, p. 589 - Silozuri de 5000 de tone, in Revista Constructilor si a materialelor de constructii, n°4, 1961, p. 199 - Developement of Precast, Reinforced, and Prestressed Concrete Elements for industrial single-story Buldings in Romania, in Jurnal of the american concrete institute, n°9, september 1967, p. 587 - Cheson termoizolant precomprimat pentru acoperirea cladirilor industriale, in Industria Constructiilor si a Materialelor de Constructii, n°10, 1957, p. 546 - Calcul prin aproximatii succesive al grinzilor continue cu metoda « momentelor la noduri », in Industria Constructiilor si a Materialelor de Constructii, n°6, 1954, p. 287 - Placa de beton armat rezolvata prin metoda echilibrului la limita, in Industria Constructiilor si a Materialelor de Constructii, n°11, 1952, p. 32 2 – Une courte biographie de Maria Moraru faisant état de ses fonctions nationales et internationales est disponible dans le journal « Scinteia » dans son article nécrologique après sa mort le 28 novembre 1958 3 – Des éléments biographiques sur Ion Popescu-Puturi sont disponibles dans l’ouvrage “Membrii CC al P.C.R 1945 – 1989”, dictionar, editura enciclopedica, Bucarest, 2004
Radu-Mihai Popovici 1 - Voir, La nouvelle bibliothèque François Raspail – Un bâtiment classique contemporain, Mémoire de diplôme, École Nationale d’Architecture de Paris Val de Seine, Direction Yves Bottineau et Marc Férauge, 28 septembre 2005